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On court à toute vitesse. Vers tout à l’heure, vers demain. Vers quand on sera grand pour de vrai. Comme eux, qui sont revenus montrer leur école à leurs enfants. J’ai eu mal au ventre. On parle d’Erasmus et de césure. Comment remplir les dossiers. C’est ça, comment remplir les dossiers. Réveillez-moi. Je me souviens à peine d’avoir passé le Bac. Je ne peux pas être si grande, c’est impossible.
Il s’est assis à côté de moi. Il a essayé d’apaiser les dernières rancœurs. Les déceptions. J’avais les yeux bien trop dans le vague. Ne pas pleurer. Je voulais qu’il parle toujours. Il a fini par poser les questions que je n’aime pas. Je me suis recroquevillée au fond de moi-même. Stop. Je ne sais pas. Je ne veux pas. En parler. Inventer. « T’es un mystère ». Pardon. Dans quels bras je peux me blottir ?
Tout s’étiole. On dilue dans l’alcool. Les espérances et les désillusions. On se confine dans nos petites voitures. On s’envole vers la mer. Cap de plonger la tête la première. Tape toi la tête tout éclate. Tout éclate et on s’accroche on laisse aller. Le vent emmêle les cheveux. Et emporte la fin des phrases. A nous d’imaginer. Concert la fumée aux lèvres. Bisous dans le cou. Je ne savais pas que j’étais une jolie fille. Et il enchaîne les conneries cet abruti. « C’est la belle vie alors ? » … euh … ah ? Le mode d’emploi je le connais. C’est juste que je sais pas l’appliquer. L’ombre s’installe souvent dans mes sourires.